La IV° République Retour Index ou  Retour frise


Résumé

La France de la libération est un pays ruiné. C’est un pays sans pouvoir légal et la reprise de la vie politique est l’occasion d’un vif conflit entre le général de Gaulle et les partis politiques. La IV° République se caractérise par une forte instabilité ministérielle, par un redressement économique et par les problèmes coloniaux.

Développement

- I – 1945 - 47: La France un pays en crise

Après 4 années d’occupation, la France est un pays affaibli sur les plans démographique et économique. La guerre a fait 600.000 morts. Le déficit démographique est estimé à 2 millions de bébés. Les destructions matériels sont très importantes. Le réseau de transport est gravement endommagé, les ports sont détruits. Les finances sont ruinées, le franc a perdu toute sa valeur.

La France manque d’énergie et de matières premières. L’inflation et le marché noir persistent. Des cartes de rationnement pour l’alimentation sont encore utilisées.

La France de la libération n’a plus de pouvoir légal. Tous les actes du gouvernement de Vichy sont annulés. La France est dirigée depuis septembre 1944 par le G.P.R.F. présidé par le général de Gaulle, ce gouvernement ne procède d’aucune élection. Le GPRF se compose d’hommes issus de la Résistance. Il entreprend de grande réformes : nationalisation, assurances, sécurité sociale, droit de vote aux femmes.

Un référendum est organisé le 21 octobre 1945, deux questions sont posées aux Français : souhaitent-ils une Assemblée Constituante et cette Assemblée doit-elle avoir des pouvoirs limités. En répondant massivement Oui aux deux questions, les français choisissent l’instauration de la IV° République. Le même jour, ils élisent une Assemblée. Celle-ci est chargée de rédiger la nouvelle constitution. Les élections (les premières depuis 1936) donnent les 3/4 des sièges à des partis issus de la résistance: P.C. qui devient le premier parti de France avec 26% des voix (le parti des fusillés), S.F.I.O. M.R.P. (mouvement républicain populaire fondé par des chrétiens issus de la Résistance): c’est le tripartisme. Communistes et socialistes disposent de la majorité absolue. 6 ministres communistes entrent au gouvernement.

Le général de Gaulle en conflit avec les partis politiques démissionne le 20 janvier 1946 car il veut un pouvoir exécutif fort (dans son discours de Bayeux, De Gaulle prône un régime parlementaire mais à tendance présidentielle) alors que l’assemblée constituante donne l’essentiel du pouvoir à l’Assemblée Nationale.

La IV° République, organisée par les partis politiques et pour eux, va très vite s’enliser dans des problèmes graves.

Le premier projet de constitution donne tous les pouvoirs à une assemblée unique. elle est rejetée par les français par référendum. De nouvelles élections pour élire une nouvelle Assemblée Constituante voient la progression du M.R.P. (1° parti de France) et le recul du P.C. et du P.S. Le deuxième projet de constitution est adopté en octobre 1946 par 53% des votants (1/3 d’abstentions).

La constitution de 1946 consacre la prépondérance de l’Assemblée Nationale. Celle-ci est formée de députés élus pour 5 ans au scrutin proportionnel. C’est elle qui investit le président du conseil que désigne le président de la République. Elle contrôle le travail du gouvernement et peut facilement le renverser.

La seconde chambre, le Conseil de la République, désignée au suffrage indirect ne peut que donner des avis à l’Assemblée. Le président de la République est élu par les deux chambres pour 7 ans. Il a peu de pouvoirs. Vincent Auriol fut le premier président de la IV° République. Le gouvernement est dirigé par le Président du Conseil (Paul Ramadier) et dépend de l’Assemblée Nationale.

C’est l’Assemblée Nationale qui domine le nouveau régime et à l’intérieur de l’Assemblée Nationale se sont les partis politiques qui ont la réalité du pouvoir.

Trois graves problèmes opposent de entre 1946 et 1947 le parti communiste aux socialistes et au M.R.P.:

=> Le premier est d’ordre économique et social: si les trois partis sont d’accord pour les nationalisations en revanche ils s’opposent sur la gestion de l’inflation. En 1947, le P.C. et la C.G.T. refusent les mesures de limitation des salaires.

=> Les débats sur la décolonisation déchire les partis. Le P.C. proteste contre les opérations menées au Vietnam en 1946 pour combattre Hô Chi Minh.

=> La présence de ministres communistes au gouvernement n’est pas sans poser des problèmes dans un contexte de naissance de la guerre froide. D’autant que le PCF dirigé par Maurice Thorez, s’aligne sur Moscou et peut difficilement rester dans un gouvernement qui mène la guerre en Indochine contre les communistes. Mais c’est sur un vote par les députés communistes contre le blocage des salaires qu’en mai 1947 les ministres communistes sont démissionnés (vote contre le gouvernement).

Dès lors, le parti communiste, chassé du gouvernement organise dès l’automne 1947 des manifestations et des grèves violentes (il y a des morts dans des combats contre les CRS) pour empêcher le gouvernement d’attaquer l’U.R.S.S. On craint même la guerre civile dans le pays.

De son côté le général de Gaulle crée le R.P.F (Rassemblement du Peuple Français) en avril 1947. Il propose une nouvelle constitution avec un exécutif fort. Dès 1948, le R.P.F. a un million d’adhérents.

En réaction, socialistes, M.R.P., radicaux, modérés font alliance dans une " troisième force " qui cherche à gouverner au Centre. Ils veulent lutter contre le danger soviétique, ils s’accordent déjà moins sur la politique vis-à-vis des colonies, certains socialistes étant contre la guerre en Indochine. La France entre dans l’O.T.A.N. en 1949. La " troisième force " lance les bases de la construction européenne en créant la C.E.C.A. en 1949 et en élaborant le projet d’une C.E.D. (Communauté Européenne de Défense). Par contre la " Troisième force " ne s’entend plus sur la politique économique, sociale et de la laïcité. Cette question explique la forte instabilité ministérielle et par ce biais la forte impopularité de cette République.

Après les élections de 1951 et des querelles sur la laïcité qui divisent les partis, il se constitue, en 1952, autour d’Antoine Pinay, une majorité de centre-droit. Une politique de stabilisation des prix est menée. Un emprunt basé sur l’or redonne confiance dans le franc, les prix sont bloqués et l’inflation est ainsi maîtrisée (création du SMIG). La politique de rigueur est appliquée sur le plan sociale : (1953 quatre millions de salariés du secteur public en grèves pendant un mois). Aucun accord n’est par contre possible sur la C.E.D. qui divise les partis. Les problèmes coloniaux, " événements " au Maroc et en Tunisie en 1953 mais surtout la catastrophe de l’Indochine (1952-1954) provoque l’effondrement du centre-droit. Le 7 mai 1954, le camp retranché de Diên Biên Phû tombe. La IV° République semble à bout de souffle. En 1953, le Président Auriol est remplacé difficilement par René Coty (13 tours de scrutin).

  • II - La guerre d’Algérie montre l’impuissance de la IV° République

maintenir son empire. L’empire symbolise alors la puissance internationale. Avec la IV° République l’Union française est jugée indispensable à la grandeur du pays. Face aux revendications nationalistes la France apporte une réponse sanglante comme à Madagascar en 1947, mais surtout au Vietnam où le conflit contre le Vietminh débute en 1946.

A la suite de Diên Biên Phû, Pierre Mendès France devient président du conseil. Il veut régler la question coloniale. En juillet 1954, il signe les accords de Genève qui prévoient un partage du Vietnam en deux de part et d’autre du 17° parallèle. Le Laos et le Cambodge sont déclarés indépendants.

Mendès France ouvre des négociations avec la Tunisie (néo-Destour), renversé en 1955, ses successeurs poursuivent sa politique: la Tunisie et le Maroc sont indépendant en 1956. Une loi, celle Deferre prévoit la décolonisation de l’Afrique Noire.

L’Algérie forme trois départements français (Alger, Oran, Constantine) rattachée au ministère de l’Intérieur. Elle est dirigée par un gouverneur général. Les statuts de 1947 sont injustes, une assemblée au pouvoir restreint est instauré (120 membres) mais les 9 millions d’Algériens élisent le même nombre de représentants que le million de pieds noirs. De surcroît les élection de 1948 sont notoirement truquée pour faire élire des représentants de l’administration.

Le nationalisme algérien est divisé en trois branches soumises à une répression intense de la part de la France:

=> Le courant traditionaliste des oulémas qui s’appuie sur l’Islam

=> Le courant moderniste et légaliste de Ferhat Abbas

=> Le courant révolutionnaire de Messali Hadj et de Ben Bella

L’Algérie de 1954 connaît de graves problèmes: l’agriculture moderne et l’industrie naissante sont aux mains des européens. La société est inégalitaire, les pieds noirs sont hostiles à toutes réformes qui donnerait l’égalité avec les musulman qui vivent pour 7 millions d’entre eux dans la pauvreté.

L’insurrection de la Toussaint 1954 marque le début de la guerre. 70 attaques simultanées sont lancées par les musulmans qui se fédèrent dans le F.L.N. et qui créent une A.L.N (Armée de Libération Nationale). Le but est l’indépendance du pays.

L’insurrection apparaît en France comme un incident mineur. La réponse est la fermeté tout en proposant des réformes. La plupart des réseaux du F.L.N. sont démantelés. Le nouveau gouverneur général, Jacques Soustelles veut moderniser le pays (programme de scolarisation) et une application loyale du statut de 1947. Il est très mal accueillit par les pieds noirs.

En août 1955, des massacres se produisent dans le Constantinois: les Arabes tuent une centaines d’européens en représailles ceux-ci tuent un millier d’Arabes dans une véritable chasse à l’homme. Désormais un fossé de sang sépare les deux peuples, la guerre est irréversible.

En 1956, un gouvernement de gauche arrive au pouvoir, celui de Guy Mollet. Celui-ci donne, après d’infructueuses négociations, la priorité à une victoire militaire sur le F.L.N.. 400.000 militaires effectuent alors un quadrillage du pays mêlant opérations militaires et actions sociales (alphabétisation, soins médicaux pour se gagner la population).

A Alger la sécurité est assurée par le général Massu (problème du terrorisme). La " bataille d’Alger " désorganise le F.L.N. mais aux prix de la torture.

La guerre d’Algérie 1957 et la crise de Suez 1956 détériorent la situation internationale de la France: la France apparaît comme un pays isolé, condamné parles pays du tiers monde, par l’U.R.S.S. et non soutenue par les États-Unis. Sur le plan intérieur la guerre d’Algérie divise les français et épuise l’économie : c’est un gouffre financier qui relance l’inflation. Il faut renoncer aux dépenses sociales. Beaucoup de français sont contre cette guerre et celle-ci fait éclater la majorité de gauche victorieuse des élections de 1956 (Guy Mollet). Les ministères se succèdent entre 1957 et 1958 et paralyse le pouvoir.

Les français se divisent sur le sort de l’Algérie. Certains comme l’extrême-droite et la majorité des pieds noirs refusent toutes négociations avec le F.L.N. et souhaitent un pouvoir fort à Paris qui laisserait les coudées franches aux militaires. D’autres se prononcent pour une Algérie indépendante. Les partisans du général de Gaulle attendent leur heure qui lui s’est retiré de la vie politique en 1953.

Le 13 mai 1958 un pouvoir insurrectionnel se met en place à Alger (suite à la nomination de Pierre Pflimlin comme président du conseil, il est pour une solution négociée). Les émeutiers créent un " comité de salut public " à la tête duquel est propulsé le général Salan. Le 15 mai Salan fait appel à de Gaulle. Celui-ci fait évoluer la crise à son profit. En effet on craint en France un retour des troupes d’Algérie et la guerre civile, or de Gaulle se présente comme le garant des libertés publiques. Le 1° juin 1958, l’Assemblée Nationale investit le général comme président du conseil; puis elle vote les pleins pouvoirs et lui donne le droit de rédiger une Constitution.

Conclusion

A la tête d’un gouvernement d’Union nationale, de Gaulle donne la priorité à l’élaboration de nouvelles institutions (projet de Constitution par Michel Debré). Dans son gouvernement, il y a tous les partis politiques sauf les communistes et les poujadistes.

Le référendum du 28 septembre 1958 (approuvé à 80%) et les élections de novembre 1958 fondent la V° République. A ces élections, les adversaires du général sont écrases. Les gaullistes réunit dans l’U.N.R. (Union pour la Nouvelle République) forment une forte majorité à droite. En décembre 1958, de Gaulle est élu président de la République (suffrage indirect), son premier ministre est Michel Debré.

Maître du pouvoir, le général de Gaulle donne à la France de nouvelles institutions et résout la crise algérienne. Il accroît le pouvoir présidentiel. La guerre d’Algérie a fait entre 300.000 et 500.000 morts dont 30.000 du côté français. Elle a posé le douloureux problème des Harkis (environ 263.000).

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